Pour l’anecdote, on retrouve en 1869 ,dans le prestigieux répertoire allemand18 reprenant les lignes et gares allemandes ainsi que les autres lignes importantes européennes, la mention de Basècles sur deux lignes de la compagnie belge n°5 (Société générale d’Exploitation),comme gare de correspondance au même titre que Renaix sur la ligne K « Saint-Ghislain à Gand » et comme gare tête de ligne de la ligne L « Basècles à Valenciennes » et L1 « Basècles à Tournai » !
Dans le cadre de son projet de protectionnisme du rail belge, l’Etat a entamé depuis 1869, la reprise de plusieurs concessions .C’est ainsi qu’est passée le 25 avril 1870 19 une convention, confirmée par la loi du 3 juin 1870 20, entre l’Etat d’une part, et la SA des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut et la Société générale d’Exploitation, d’autre part.
Cette convention confirme la reprise par l’Etat, au 1er janvier 1871, d’un certain nombre de chemins de fer en service, dont les 83 km du chemin de fer de Saint-Ghislain à Audenarde et à Tournai exploités par la SA des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut pour compte de la Compagnie du chemin de fer Hainaut et Flandres.21
De plus la SA des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut s’engage à remettre à l’Etat, à mesure de leur achèvement des lignes dont la construction a été entamée mais non terminée22 .Celle qui nous intéresse ici est la ligne de Saint-Ghislain à Ath dont les travaux entamés en 1866 ont été interrompus suite au conflit au sujet de son tracé entre le Gouvernement et l’exploitant.
Nous verrons ci-après que cette divergence aura une influence fatale sur l’expansion des installations basécloises !
La même convention23 prévoit aussi que la SA des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut construira à ses frais et à remettre à l’Etat à fin d’exploitation, plusieurs chemins de fer dont :
1° Un chemin de fer partant de Basècles-Carrières et se raccordant vers Stambruges, au chemin de fer de Saint-Ghislain à Ath ;
2°Un embranchement rattachant les carrières de Basècles au chemin de fer de Saint-Ghislain à Audenarde.
Voilà qui est de nature à combler les souhaits des industriels baséclois et surtout ceux des maîtres de carrières.
En effet, malgré la possibilité qui leur était offerte de charger leurs produits à Basècles-Faubourg, l’unique solution pour assurer leur acheminement vers cette station restait le transport par chariots à traction chevaline.
De même, l’approvisionnement en charbon nécessaire à l’alimentation des fours à chaux donnait lieu à de multiples manutentions aussi coûteuses que redondantes.
Ces deux promesses d’infrastructures s’avéraient donc bienvenues. De plus, elle consacrait Basècles comme plaque tournante pour un trafic ferroviaire du fret.
Las ! le ministre des Travaux publics, Armand Waseige, revient sur la promesse de son prédécesseur, Alexandre Jamar, qui portait abandon de la ligne projetée de Blaton à Ath et donc renonçait au crédit octroyé par la loi du 30 juin 1869. Il maintient la construction de deux lignes, l’une partant de Basècles-Carrières passant par Quevaucamps, Stambruges, Beloeil, Chièvres et Ath, et l’autre partant de Saint-Ghislain, passant par Baudour, laissant Sirault sur la gauche et arrivant à Chièvres, puis à Ath.
Or la convention du 25 avril 1870 précise bien qu’il est accordé à la SA des chemins de fer des Bassins houillers du Hainaut la concession d’un chemin de fer partant de Basècles-Carrières et se raccordant vers Stambruges au chemin de fer de Saint-Ghislain à Ath.24
Des pétitions émanant des conseils communaux de Quevaucamps, Basècles et Péruwelz réclamant l’établissement de cette ligne avec station à Quevaucamps resteront elles aussi lettre-morte.25
La position du ministre restait inflexible et persistait à vouloir établir une ligne directe entre Saint-Ghislain et Ath par le plus court chemin sans tenir compte de l’absence d’intérêts économiques des localités traversées par ce parcours et laissant de côté des communes, comme Hautrage, aux industries importantes. Le conflit fut enfin porté devant les tribunaux. Le différend se jouait sur l’interprétation du simple mot « vers » !
18 Eisenbahn-Stations-und Orts-Verzeichniss (Deutscher Eisenbahn und Europa) – Berlin – 1869 – p.63 &
19 Pasinomie 4e série tome V – Bruxelles – 1870 – n°196 p.205-218 &
20 MB 05/06/1870
21 Pasinomie 4e série tome V – Bruxelles – 1870 – n°196 p.206 et 207 &
22 Ibid. Art 17 2° p.209 &
23 Ibid. Art 18 1°& 2° p.210 &
24 Annales parlementaires du Sénat – Session législative 1870-1871 – 23 mai 1871 – p.192 &
25 Annales parlementaires du Sénat – Session législative 1869-1870 – 11 mai 1870 – p.230 &